LA TAPISSERIE AU XIV° SIÈCLE                         41
propre .usage, il distribue, généreusement les plus rares produits de cette industrie, alors clans toute 'sa vogue, aux seigneurs an­glais, quand il s'efforce de mettre fin à la guerre et de ménager une trêve entre Richard ll d'Angleterre et son neveu Charles VI. C'est aussi l'envoi de riches tapisseries à personnages qui prépa­rera la liberté des seigneurs français faits prisonniers à la bataille de Nicopolis, sur l'avis que nul présent ne saurait être plus favo­rablement accueilli de Bajazet. Aucun prince n'était donc mieux en mesure de contribuer à la prospérité des ateliers d'Arras que le fondateur de la puissante maison de Bourgogne.
Dès 1374, nous trouvons la mention d'un payement de 1,200 francs pour une chambre de tapisserie offerte à la duchesse de Bour­gogne. Le vendeur était ce Vincent Boursette dont il a été parlé plus haut ; il paraît avoir occupé un rang distingué parmi les chefs de l'industrie picarde.
Hugues Walois, autre tapissier d'Arras, travaille sans interrup­tion, dé 1379 à 1393, d'abord pour le comte Louis de Male, puis pour le duc de Bourgogne et sa femme. Il reçoit de la dernière 122 francs d'or pour trois draps de haute lice « ouvrez à brebis et une espine ou milieu d'un chacun drap ».
Jean Davton parait sur les comptes entre 1386 et 1402. Il vend d'abord une Pastorale, destinée au roi de France. En 1402, il livre une chambre entière représentant un bosquet el deux personnages jetant cles rinceaux, le tout ouvré à or et du prix de 676 écus.
Est-ce un parent du précédent qui alla fonder en 1416 une ma­nufacture de haute lice à Bude, en Hongrie? Le protégé de l'em­pereur Sigismond se nommait, en effet, Nicolas Davion. Il habi­tait encore Bude en 1433.
Jean Cosset, d'Arras, fut un des tapissiers favoris du duc de Bourgogne. La .liste de ses œuvres est longue. Nous laisserons de côté les verdures et les travaux communs, pour ne citer que les tapisseries à personnages, rehaussées pour la plupart de fils d'or.
En 1384, il vend à Philippe le Hardi une Histoire clé Froimont de Bordiaux, du prix de 365 francs 10 sous, et une Histoire de Guillaume d'Orange, payée 100 francs.
En 1385, livraison de VHistoire de saint Georges, ne mesurant pas moins de trente aunes de long (700 francs), et d'une Histoire des Vices et des Vertus, estimée 600 francs. L'année suivante, une Histoire d' Alexandre et deRobert le Fuselier lui est payée 900 francs.